«Un disciple s’adresse à un maitre:
-Dis-moi ce qu’est la liberté.
-Quelle liberté? lui demande le maitre.
La première liberté est la folie. Elle s’apparente au cheval qui, hennissant, renverse son cavalier. Mais combien plus fermement sentira-t-il la poigne de celui-ci par la suite!

La deuxième liberté est le repentir. Cela ressemble au capitaine persistant sur le navire naufragé, au lieu de descendre dans l’embarcation de sauvetage.

La troisième liberté est la compréhension. Elle vient après la folie et après le repentir. Elle ressemble au brin d’herbe qui oscille dans l’air et, parce qu’elle cède là où elle est faible, elle se soutient.

Certains croient que ce sont eux-mêmes qui recherchent la vérité de leur âme. Mais la Grande Âme pense et cherche à travers eux … A celui qui laisse qu’elle pense, parfois elle lui accorde une certaine marge de mouvement, et comme la rivière porte le nageur qui se rend à ses eaux, elle le porte aussi au rivage, joignant ses forces aux siennes». Bert Hellinger

La liberté de l’être humain est étroitement liée à la conscience à laquelle il adhère ou à laquelle il appartient. L’enfant dépend entièrement de son groupe d’origine et ne vit donc ni autonomie ni liberté; il doit sa survie à son appartenance familiale, en tant qu’un membre de plus. En échange de cette appartenance vitale, l’enfant est pure fidélité, loyal par-delà sa propre vie et se conforme à tout, parle, s’habille, pense, ressent, rejette et exclut, agit comme ses parents et ses aînés, pour être accepté, inclus, soigné et aimé, et ne pas mettre en danger son appartenance. Au fur et à mesure de sa croissance, les groupes auxquels il appartient peuvent se multiplier: scolaire, étudiant, politique, sectaire, religieux, sportif, associatif ou simplement le qu’en dira-t-on de son environnement.

Ensuite, le jeune ou l’adulte perpétue son besoin d’appartenance, non plus vital mais très important, au prix de renoncer partiellement ou totalement à sa liberté de pensée, de parole et d’action.
S’éloigner de ce que le groupe lui dicte, percevoir la sensation d’être infidèle, déloyale au comportement du groupe, éveille un tel inconfort et sentiment de culpabilité chez la personne, qu’elle revient rapidement aux attitudes dictées par ce groupe. Sa liberté est inexistante, bien qu’elle ait l’illusion qu’elle l’est, comme le cheval qui hennit sous la main lourde de son cavalier.
« Si tu te crois libre, c’est que tu ne t’es pas encore cogné aux barreaux de ta cage. »

La liberté ne peut exister que dans l’état du Moi Adulte. Tant l’état Parent que l’état Enfant ont le regard tourné vers l’arrière et conditionné par le passé; le premier reproduit les comportements et les affirmations des ancêtres figures d’autorité, puissants, les dominants du système familial; le second est dans l’imitation d’émotions passées, généralement difficiles, de son enfance et transmises par les aïeux.
L’adulte se tient debout, ferme sur ses deux jambes, les yeux ouverts sur la réalité et les mains prêtes à l’action, présent et en même temps orienté vers la vie. Il représente le meilleur support de la liberté. Non pas la liberté de faire ce qui répond à ses préférences ou ses rejets, ou de transgresser par provocation. Mais oui, la liberté d’accompagner le désir, la capacité et la détermination de consentir à sa place unique au sein de sa famille, à sa responsabilité, à sa distanciation des croyances et des valeurs de ses groupes d’ appartenance.
Il consent, honore et remercie ce qui était et ce qui est, les limites de chacun. Il consent et intègre les Forces de l’Amour dans son quotidien. Elles deviennent son guide de référence en termes de compréhension, d’attitude intérieure et de conduite. C’est un chemin exigeant de purification, de beaucoup de lâcher prise, de renoncement au connu et d’ouverture au nouveau, et pourtant à ce prix une certaine liberté s’accomplit, ainsi qu’une créativité lumineuse.

Puis, une liberté plus grande encore se manifeste lorsqu’il se dédie complètement à la vie, dissolvant tous ses obstacles internes, ses «conditions» et ses «exigences», laissant Quelque chose de plus grand ou le Vide Créateur le guider pas à pas, se dépouillant des images de ce que doivent être son présent et son avenir pour se consacrer à sa mission.
« … la rivière porte le nageur qui se rend à ses eaux … »

Monica Kunz, 2016