Q: Qu’est-ce qu’une constellation familiale?

R: La réponse à cette question est habituellement si compliquée que je dis aux personnes: ”Assistez à une constellation et alors, vous comprendrez !”.
En bref, il s’agit d’une technique qui n’est pas nouvelle, et qui consiste à représenter des personnes. Lors de cette représentation, quelque chose d’invisible, d’inconscient est mis en lumière, quelque chose qui en réalité nous pousse à agir d’une manière donnée dans l’existence quotidienne. Alors, grâce à ce que nous observons, nous pouvons comprendre quelles sont les forces qui nous meuvent, alors que nous croyions que c’était nous qui décidions de notre mouvement. Mais nous voyons bien que nous débouchons sur des conflits. C’est alors que nous découvrons des présences, plus précisément la présence du passé, l’influence de tout ce qu’il y a en amont de nous, et qui perdure ici avec nous. Cela influence évidemment nos décisions, nos émotions, souvent de manière positive, et nous ne le réalisons pas, mais aussi parfois nous entraînant vers un conflit qui reste sans issue si justement nous ne mettons pas en lumière ce passé.

Q : Si j’étais un enfant, et que tu devais m’expliquer les constellations, comment le ferais-tu ?

R : Figure-toi qu’avec les enfants c’est bien plus facile ! Je leur dis : « Là, dans ce que tu sens et que tu ne comprends pas, imagine ton grand-père, imagine un oncle oublié, imagine un enfant mort qui appelle pour qu’on le voie et qu’on l’aime, tu comprends ? » Et l’enfant comprend tout de suite. Il peut percevoir qu’il n’y a pas seulement ce qui est visible mais aussi des présences du passé. Et maintenant on peut définir le type de présences qui se révèle.
Ce que nous pouvons observer justement, c’est que toute émotion a un cycle, que tout événement ou situation dans notre vie a aussi un cycle. Quelque chose commence, et ce quelque chose doit s’achever. C’est une réalité que la Gestalt a étudié, et que d’autres disciplines ont scruté très à fond. Quand ce quelque chose reste sans être terminé, sans être assumé, soit cela pèse dans notre vie soit, si nous mourons sans avoir conclu cette situation, un descendant va devoir la vivre pour l’achever ou l’assumer, et terminer ainsi cet épisode. Et s’il ne le fait pas, ou s’il ne le comprend pas, parce que ça ne correspond pas à son vécu et que c’est incohérent dans sa vie, alors son descendant recevra cette émotion inaboutie ou cette situation inachevée pour que quelqu’un finisse par assumer, par exemple une culpabilité, une douleur immense comme la perte d’un enfant, assumer que d’autres personnes peuvent être désagréables et que malgré tout nous leur devons le respect…
C’est ce type de situations que nous recevons du passé, ou que nous allons transmettre au futur, à nos descendants, chaque fois que nous ne parvenons pas à assumer, dans notre vie, un événement ou une émotion.

Q : Est-ce cela le karma ?

R : Je ne le sais pas. Je n’ai pas cette croyance. En fait, ici nous ne parlons pas de croyances, uniquement de réalités que nous pouvons observer au travers des représentations. Nous appelons cela le phénomène, indépendant des interprétations. A la différence de ce qu’on appelle karma et qui est linéaire, cause à effet, le phénomène est circulaire. Il y a une origine, (que nous ne pouvons expliquer), puis les descendants répètent par résonance ce qui s’est vécu et qui n’a pas trouvé de conclusion. Par contre, si le descendant termine ce qui était inachevé, le passé guérit. Nous ne pouvons l’expliquer mais nous le voyons. La guérison de ce passé permet à son tour la guérison d’un cercle plus grand de descendants de la même famille.

Q : Cela a donc à voir avec le sang ? Un enfant adopté échappe-t-il à cela ?

R : Je dirais que cela est lié à la résonance plus exactement qu’au sang. Il y a des enfants adoptés qui vivent des situations graves de leur famille d’adoption. Ils le font par gratitude pour leur famille adoptive. C’est pourquoi ce n’est pas seulement une question de sang.

Q : Quel est le but, l’objectif de la vie ?

R : Tout d’abord, il y a un concept très difficile à accepter pour notre mentalité actuelle. Si nous observons les animaux, les plantes, nous voyons que leur vie est toute au service de leur espèce, et que c’est la même chose pour l’être humain. Pour l’Homme, le but n’est pas la réalisation individuelle mais la participation au service de son espèce. Cela change complètement la vision des choses. Et nous le résumons ici, en constellations familiales, en affirmant que nous sommes au service de la vie. En étant au service de la vie, à travers ma vie j’englobe tout ce qu’il y a, maintenant et en amont.

Q : Que sont les champs morphiques et de mémoire ?

R : C’est une observation faite par le biologiste Rupert Sheldrake. Il a découvert – pas seulement lui car d’autres l’avaient découvert bien avant, mais à notre époque lui y a beaucoup travaillé – l’existence des champs morphiques et morphogénétiques, qui sont des champs de mémoire et qui accompagnent tout ce qui existe, qui permettent que chaque individu nouveau, objet, animal, plante ou être humain, soit continuellement informé de tout le passé. Nous pouvons dire que, grâce à cela, nous pouvons avancer. Chacun reçoit tout le bagage antérieur.
Cela signifie que, d’une manière instinctive, nous répétons le passé, en dehors même du sujet de constellations ou du domaine systémique. Nous sommes poussés, impulsés par la répétition de ce champ de mémoire, par la répétition de ce qui nous informe.
La guérison peut atteindre l’individu, mais pas à travers ce champ de mémoire. Elle vient d’un autre champ, elle vient de notre connexion à quelque chose de plus grand, qui n’est ni le champ systémique humain, ni ce grand champ de la vie de l’univers. Et c’est cela qui fait la spécificité des Nouvelles Constellations, cette connexion à la force de guérison qui se trouve au-delà de ces champs de mémoire.

Q : La spiritualité ?

R : Je dirais que oui. Et il existe ce paradoxe, qui nous fait voir que plus nous sommes connectés à cela, qui est incompréhensible, inatteignable pour nous mais auquel nous pouvons nous ouvrir, et plus tangible et palpable devient ce qui est spirituel. C’est pourquoi je n’ai pas l’habitude d’utiliser le mot spirituel, ou spiritualité, même si je le sous-entends. Mais c’est une spiritualité totalement « ancrée dans le concret ».

Q : Comment nous parvient la guérison ?

R : La guérison arrive justement quand nous nous ouvrons à ce qui est au-delà des champs de mémoire. La répétition du passé inclut de répéter les croyances, maintenir des fidélités, avoir la conscience de x,y, ou z. C’est cela qui amène des conséquences négatives dans nos vies. Alors que l’ouverture à ce qui est nouveau, à la créativité, implique de ne pas avoir de nom mais d’être dans le moment présent, uniquement dans le présent. C’est alors que nous parvient la plus grande guérison. Là où nous trouvons la force de guérison, la force inhérente de guérison que toutes les traditions, toutes les mystiques décrivent, nous connectons avec elle dans la mesure où nous sommes dans l’instant présent et où nous nous ouvrons à ce qui est réellement l’instant.
Alors quelque chose de vraiment plus grand fait irruption, quelque chose d’infini dans l’instant présent. C’est à cela que je me réfère quand, dans notre travail, nous connectons avec cela avant de commencer à consteller. Nous connectons avec le plus grand qu’il y a, ce plus grand qui est dans le vide, dans l’indéfinissable. Et où y a-t-il du vide si ce n’est dans l’atome, par exemple ? C’est-à-dire que nous-mêmes, tout objet, tout est habité par cela qui est le plus grand. Quand nous sommes en contact avec cela, avec cette connaissance, quand cela nous est offert – car nous ne pouvons que nous ouvrir à cela – c’est alors que se présente la force, la compréhension… Sheldrake appelle ce changement qui se produit « une mutation » de ces champs de mémoire, et une nouvelle information y pénètre qui permet le changement.
En constellations, à notre échelle, c’est ce que nous faisons. Nous introduisons une information depuis l’extérieur, et très souvent c’est à partir d’une prise de conscience que cela se produit. C’est introduire un changement qui se grave dans l’inconscient collectif, dans l’inconscient génétique, et qui peu à peu transforme les réalités.

Q : Emotions et conscience ?

R : Concernant l’émotionnel, nous pouvons voir grâce à ce que nous faisons ici en constellations, mais aussi à travers ce que nous dit Bruce Lipton, que les cellules primitives vivent déjà ce qu’on peut interpréter comme des émotions. Ce n’est pas quelque chose qui a fait irruption un beau jour dans la vie, il y a toujours eu un mouvement soit vers la vie, soit vers la mort, soit vers plus d’appartenance, vers plus de reproduction, vers le bien-être, vers le mal-être. A mesure que les êtres ont évolué, ces premières réactions ont aussi évolué, jusqu’à atteindre nos émotions actuelles. C’est comme une longue évolution de conscience, qui était déjà présente dans les premières cellules. Il y a de la conscience dans la pierre. Les atomes de la pierre sont constitués de la même façon que nous.

Q : Qu’en est-il de la prise de conscience et la loi de compensation ?

R : Cela concerne chacun de nous à son niveau, chaque société à son niveau, chaque époque à son niveau. Parce que c’est quelque chose de permanent mais qui évolue à des rythmes différents. Actuellement, le rythme auquel nous évoluons est très rapide.
En Constellations, il existe une loi, la loi de compensation, qui énonce que si quelqu’un s’est enrichi au prix de la vie d’autrui, par compensation des descendants vivront ce qu’on vécu ses victimes. Ils vont perdre cette fortune et tomber dans la ruine. Dans les siècles précédents, cette compensation prenait des générations pour se produire. De nos jours, elle se produit souvent du vivant de la personne, ou chez ses enfants. Le rythme s’est beaucoup accéléré. Cela signifie aussi que le rythme des prises de conscience s’est accéléré.

Q : Tous les participants d’une constellation en bénéficient-ils ?

R : J’ai quelque peu investigué cela et j’ai pu voir que ce n’est pas spécifique des constellations. Dans les années 60, il y avait un groupe de psychothérapeutes qui travaillaient dans les banlieues de Londres. Ils se répartissaient les patients à traiter, et plusieurs membres d’une même famille étaient pris en charge par différents thérapeutes. Dans les réunions mensuelles du groupe, ils pouvaient se rendre compte que lorsqu’un enfant avait été traité, les autres membres de sa famille s’en trouvaient mieux. C’est un phénomène qui, une fois observé, se perçoit par la suite en tout.
Et autre chose encore : la découverte des neurones-miroirs. Cela nous dit que tout ce que nous observons, nous le vivons, à savoir que cela devient comme une expérience personnelle. Certainement il existe un autre niveau que nous ne savons pas expliquer de manière physiologique, qui produit une guérison chez des membres de la famille d’un participant, sans qu’ils aient vu la constellation. Il s’agit du phénomène connu de résonance. Je ne connais pas la physique quantique, mais ceux qui en savent quelque chose, le comprennent ainsi.

Q : Que se passe-t-il s’il y a plus d’un membre de la famille affecté ?

R : Ici apparaît la dimension systémique. Dans la schizophrénie justement on a pu découvrir, grâce aux recherches menées à Palo Alto entre autres, qu’un schizophrénique fait partie d’un système et qu’il porte le fardeau qui vient de plusieurs générations en amont. Mais si la lignée ne guérit pas, si l’origine de la schizophrénie ne guérit pas, alors celui qui guérit ne fait que transmettre la pathologie ailleurs, et il la rendra à celui « qui la lui a passé ». C’est cela la dimension systémique. Alors qu’observons-nous, mais encore, ce n’est pas général ? Nous pouvons observer que si un membre de la famille guérit, ses descendants en sont grandement soulagés, parce qu’inconsciemment le plus petit se sent obligé de porter les souffrances de ses aînés. Et si celui qui est malade, parce qu’inconsciemment il avait dit à sa mère ou à sa grand’mère « je deviens malade à ta place », guérit, alors c’est cette mère ou grand’mère qui tombera malade. C’est pourquoi la guérison individuelle est insuffisante mais doit être systémique, la guérison du groupe. Toute la famille ou toutes les personnes qui ont quelque chose à voir dans l’affaire, doivent pouvoir être représentées. Et ainsi il n’y aura pas de danger (que la pathologie se déplace).

Q : Comment les constellations ont-elles évolué ?

R : Elles ont beaucoup évolué. Au début, c’était une psychothérapie qui travaillait le niveau émotionnel, et en quelque sorte était encore imbue de ce qu’était la psychothérapie des années 70-80. Bert Hellinger, le grand créateur des constellations familiales, a évolué de manière radicale vers la fin des années 90 et début du 2000. A ce moment-là, les constellations familiales ont cessé d’être une psychothérapie pour devenir ce qu’il appelle un service à la vie, une ouverture de conscience, la découverte d’une autre manière de vivre. A partir de ce moment, on peut dire que Hellinger a découvert un nouveau paradigme, qui s’aligne sur le nouveau paradigme observable depuis d’autres perspectives, et qui suppose une philosophie très spécifique dont l’outil est la constellation.
Bien sûr, les constellations ont une technique. On observe aussi qu’elles se mettent au diapason de la philosophie du constellateur. Ce n’est pas un outil figé, autonome. La constellation est totalement au service de la philosophie de chaque constellateur. Et ses résultats en sont la conséquence. C’est cela que nous a enseigné Bert Hellinger. Il répète souvent : Je suis un philosophe.
Les constellations sont un outil qui reflète cela précisément, une philosophie qui privilégie le systémique et le phénoménologique. Le phénoménologique signifie « ici et maintenant », sans protocole. J’oublie tout ce que je sais, au moment de commencer la constellation. Ce n’est pas émotionnel, ce n’est plus une thérapie émotionnelle. Ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas du psychodrame, ce n’est plus cela ! C’est autre chose.

Pour moi, la constellation d’aujourd’hui s’est transformée en une méditation, une méditation active. Et, comme toute méditation, c’est s’ouvrir à un autre principe, à une autre énergie, s’ouvrir et se laisser guider. Les constellations d’aujourd’hui sont cela. Le constellateur connecte avec quelque chose d’indicible et il montre et demande à tous ceux qui sont présents d’entrer dans cette énergie, de telle façon que pendant la constellation, les participants eux-mêmes se sentent poussés à entrer dans la constellation, à partir de cet état méditatif. Quand le champ a besoin de quelqu’un, ce n’est plus le constellateur qui doit réfléchir, se demander ceci ou cela, c’est le champ lui-même qui va faire surgir les représentants dont il a besoin. La méditation s’inscrit dans le silence, et les constellations aujourd’hui se font dans un silence complet. L’on sent une immense force en cela, et les résultats sont beaucoup plus rapides qu’avant.

Une autre conséquence de ceci : il n’y a plus de règles. La seule règle valide : si j’ai une question, je dois connecter (avec ce qui est plus grand) pour trouver la réponse, par exemple quel thème consteller, ou puis-je consteller plusieurs fois le même thème, ou quels sont les délais entre deux constellations. Il n’y a plus de règles. Qui peut consteller ? Il n’y a plus de règles. Bien sûr, c’est très beau… et très exigeant à la fois !

Q : La formation des constellateurs, alors ?

R : Oui, on me demande souvent : alors il n’y a plus rien à apprendre ? Mais si ! Pour être Picasso, il faut savoir dessiner et peindre à la perfection. L’intuition vient après.
Ici, pour se former, chacun élabore son parcours. Il y a différentes thématiques, un nombre d’heures à couvrir, mais chacun le fait comme il le sent, au rythme où il le sent. Et suit les ateliers qu’il sent.

Q : Les émotions en constellations familiales ? Tout à l’heure tu as dit que ce n’était pas quelque chose de particulièrement émotionnel, mais je vois cette salle pleine de boites de kleenex ! C’est-à-dire que les gens pleurent beaucoup !

R : C’est vrai !
Il y a deux grandes émotions qui sont l’amour et le désamour. Les autres émotions comme la colère, la peur, la tristesse, sont comme des protections face au désamour. Quand nous nous ouvrons au désamour, c’est totalement déchirant. Mais c’est très bref, et juste après, nous renaissons à autre chose. Toutes les autres émotions sont des distractions de cela. En cela, les constellations ne sont pas émotionnelles. Si nous sommes centrés d’une manière très profonde, nous ne vivons plus ces catharsis et ces autres émotions. Si malgré tout nous sentons de la peur et de la colère, il manque encore un centrage.
Ici, ces mouvements se terminent souvent par ce pleur silencieux et profond, qui signifie une guérison, qui signifie être parvenu au noyau de la douleur, du traumatisme. D’où les kleenex !

Q : Qui peut être constellateur ?

R : La plupart des constellateurs sont venus, dans un premier temps, à cause d’un problème personnel. Et si quelqu’un vient et d’entrée me dit qu’il veut être constellateur, je lui réponds « Attends, attends, commence à assister aux constellations, et on verra par la suite si cela continue de t’intéresser, soit pour devenir constellateur, soit simplement pour toi! » Mais la première étape, c’est faire un nettoyage interne et, avant tout, commencer un cheminement de prises de conscience, commencer un développement personnel. Cela, Bert Hellinger le disait très clairement : les constellations ont deux contextes. Le premier est celui de la survie, le deuxième est celui du développement personnel. C’est ce que j’ai pu constater en effet. Une personne vient à cause d’une situation de survie, et la constellation est là pour l’aider, soit à mieux vivre, soit à mieux mourir. Mais dès la deuxième constellation, le champ demande à la personne de donner quelque chose en échange. Une des grandes lois de l’univers est l’équilibre entre donner et recevoir. Les constellations ne sont pas le moyen de tout résoudre, si en échange je ne donne rien. Alors, ce que je donne en échange, et c’est pratiquement la seule liberté dont je dispose, consiste à dire « oui » ou « non » à la vie que j’ai. Et c’est un chemin long et difficile pour entrer dans le « oui, je consens à la vie telle qu’elle est, oui, je m’accepte tel que je suis, oui, j’accepte inconditionnellement mes parents ». Le « oui » et le « merci » qui s’ensuit sont les deux pas que la personne doit faire si elle veut que ses constellations soient effectives. Très souvent, dans ce « oui à ma vie telle qu’elle est et merci à ma vie telle qu’elle est », la guérison s’installe pratiquement d’elle-même, parce qu’en réalité, c’est le chemin royal de la guérison, le grand chemin de l’ouverture, de la prise de conscience et du développement.

Chaque atelier de constellations se base sur ces prémices, sur notre ouverture à ce « oui » et à ce que cela signifie pour chaque aspect de notre vie.

En résumé, nous acceptons qu’il y a quelque chose de plus grand, que nous sommes au service de notre espèce, de la vie, nous acceptons de dire « oui » à la vie telle qu’elle est. A partir de là, les constellations se développent.
Ainsi, chaque constellateur en formation choisit ses thèmes, il n’y a pas de début et pas de fin. Il y a un nombre d’heures à couvrir mais si quelqu’un veut consteller avant et se rend compte que ça lui réussit, il peut le faire. Il n’y a pas de règles. Dans l’existence, chacun est libre et responsable de ses actes. Je ne suis personne pour juger si toi tu peux ou tu ne peux pas. C’est une décision personnelle. Bien sûr, cela implique d’assumer nos décisions et d’être responsable de nos actes. Pour aider à cela, il existe un atelier en particulier qui s’appelle « Commencer à consteller ». On y reçoit les lignes directrices pour commencer à pratiquer. A un moment que l’on choisit, il y a une constellation se rapportant à la capacité de consteller de la personne. Et n’importe qui, avec ou sans formation, venant même d’une autre formation, peut s’y soumettre. Il y recevra une information très importante sur sa capacité à consteller, ou pas, ou si ce n’est pas encore le moment.

Q : Jusqu’à quel point les personnes peuvent-elles changer ?

R : Les personnes changent bien sûr. Certaines personnes se libèrent des fidélités, mais au prix de plus de solitude et d’un grand sentiment de culpabilité, qu’il faut pouvoir assumer et intégrer.
La grande découverte de Bert Hellinger est justement en relation avec le sentiment de culpabilité. On se sent coupable chaque fois qu’on s’éloigne de quelque chose qui nous assure une sécurité, quelqu’un ou un groupe qui nous accorde la sécurité. Et rien de plus. Ce sentiment si désagréable qu’est la culpabilité disparaît dès qu’on revient à la relation antérieure.
On peut observer que cette réaction hormonale, cette émotion a été nécessaire dans l’évolution de l’être humain pour que les tribus puissent survivre, que chaque individu puisse survivre au sein du clan. Aujourd’hui, non seulement il nous est permis mais il nous est demandé une ouverture de conscience, une individuation de chacun de nous par rapport au clan d’origine. Cela signifie nous séparer d’abord de nos parents, des valeurs familiales, traditionnelles. Cela provoque nécessairement un sentiment de culpabilité que peu de personnes ont la force de soutenir. C’est pourquoi les prises de conscience sont relativement lentes, car il faut pouvoir en supporter les effets. Il faut pouvoir supporter de se séparer de quelque chose d’antérieur, d’être critiqué, de se sentir critiqué pour un manque de reconnaissance envers nos parents – « comment ? Maintenant tu ne respectes plus la religion que je t’ai donnée, les valeurs que je t’ai enseignées ? ».
La découverte de Hellinger est que la bonne conscience est un instrument de mort, et non un instrument de vie et d’amour. Quand nous acceptons d’avoir mauvaise conscience, nous devenons plus créatifs, plus humains.

Q : Que signifie bonne et mauvaise conscience, dans ce contexte ?

R : Sortir d’une fidélité crée la mauvaise conscience, alors que rester dans la fidélité, rester loyal crée bonne conscience. Le petit enfant fait tout pour se sentir loyal, et plus il est loyal, mieux c’est. Ainsi, il se sent appartenir davantage à son groupe. Cette appartenance lui permet de se percevoir dans le camp des « bons », les autres étant les « méchants ». Alors, pour augmenter la bonne conscience, j’agis contre « les autres ». D’abord, je les méprise, et si nous changeons de contexte, je suis capable de les tuer, pour me sentir appartenir davantage à mon groupe d’origine, pour lui être plus fidèle.
Ceci a été la grande découverte de Hellinger, et il a suscité beaucoup de rejet avec elle… C’est douloureux.

Q : L ‘origine de la vie sur terre a été violente, cela nous conditionne-t-il ?

R : Cela dépend peut-être d’où nous nous mettons notre regard. Peut-être que ce moment a été violent, mais comment était le moment qui l’a précédé ?
Ce que nous observons c’est que la vie est énergie. Le premier qui m’a ouvert les yeux à ce propos a été John Demartini et la physique quantique. J’ai une dette envers lui.
La vie est énergie. L’énergie n’est pas un courant continu mais des moments d’énergie. Ces moments se produisent chaque fois que la phase positive d’un signe s’équilibre avec la phase négative, une particule avec son antiparticule, un électron et un positron, joie et douleur. Chaque fois que nous vivons une chose et son contraire et qu’elles s’équilibrent, il y a de l’énergie. Energie veut dire : force, amour, compréhension de quelque chose de nouveau et changement qualitatif, passage à une nouvelle réalité. Chaque fois que nous sommes dans l’énergie, nous sommes dans quelque chose de nouveau. Alors, dans ce que tu décris, il y a eu une phase violente, ce qui veut dire qu’il y a eu une autre phase opposée à la violente, et que dans l’équilibre des deux, il y a eu un moment d’énergie qui a permis la création de quelque chose de nouveau.
Ainsi va la vie !