À de nombreuses reprises, Bert Hellinger a déclaré que la chose la plus importante au moment de consteller, était de trouver la personne disparue, la personne dont l’exclusion, d’une manière ou d’une autre, a provoqué un vide ou une perte dans le système, et qu’un descendant cherche de manière inconsciente à remplir, en remplaçant l’exclu. C’est ainsi que quelqu’un, sans en avoir conscience, sans comprendre ce qui lui arrive, prendra la place d’un ancien membre de sa famille, exclu par elle.

L’exclusion peut comporter de nombreux visages. Le plus simple à comprendre est l’exclusion d’un membre du système par une autre (ou d’autres) personnes. Ces personnes sont généralement des figures d’autorité, des adultes perpétrateurs qui considèrent qu’il est de leur responsabilité de décider qui a le droit d’appartenir ou non. Il peut s’agir, par exemple, d’une mère qui force sa fille adolescente à abandonner ou avorter son bébé, né d’une relation amoureuse. Ou des parents qui se débarrassent de leur enfant handicapé en le plaçant en institution et en l’y oubliant. Il peut également s’agir de quelqu’un qui a suscité la honte ou la haine de ses proches, ce qui provoque mépris et rejet.
Une manière radicale d’exclure est d’oublier les fœtus avortés, les embryons jetés, ou d’émettre des jugements sur les suicidés ou les criminels de la famille. Ce type d’exclusion est difficile à détecter, car les ancêtres et les vivants du groupe ont un intérêt à occulter ou nier les faits.

La perte d’un être cher, comme un père ou une mère dans le cas de jeunes enfants, peut être la raison pour laquelle ces enfants cherchent à «oublier» ce père ou cette mère, parce qu’à cet âge, ils n’ont pas la capacité de traiter un deuil. Plus tard, un vide interne les habitera parce qu’ils n’auront pas pu intégrer leurs parents ni guérir la blessure de la perte.
Il y a également exclusion à la suite d’un acte criminel. À cet égard, Bert Hellinger nous dit dans La paix commence dans l’âme, ce qui suit: «Lorsqu’il y a une victime dans la famille, son agresseur est exclu. Lorsqu’il y a un agresseur dans la famille, c’est souvent sa victime qui est exclue, oubliée. La confusion plane alors sur la famille pendant des générations. Derrière ce que nous voyons et considérons normalement comme important, se cache une conscience collective qui ne tolère l’exclusion de personne ». Il peut aussi arriver que des intrications avec des ancêtres victimes ou agresseurs d’une situation grave, provoquent une expiation chez les descendants qui leur sont liés, qui prend la forme d’une auto-exclusion, de l’exil ou de la prison.
Clairement, l’exclusion est une transgression grave des forces de l’amour. La cohésion systémique est blessée et cherchera par tous les moyens de réintégrer les exclus, utilisant de jeunes descendants mus par leur amour archaïque et aveugle, pour occuper la place ou remplacer ceux qui manquent. Très souvent, le moyen de cette réinsertion des exclus est la maladie ou les accidents graves ou mortels. La maladie, en raison du rejet qu’elle nous suscite et du désir de nous en débarrasser, indique notre propre attitude, ou celle des ancêtres, face à quelqu’un que nous avons rejeté, dans le passé ou dans les générations précédentes.

La bonne conscience, arme à multiples tranchants des exclueurs, soutient et justifie l’exclusion. En revanche, le regard de l’adulte prend le risque de s’éloigner de ces attitudes et mettra de la distance en laissant la responsabilité à qui elle appartient, en aimant et honorant ce qu’il y a eu, à l’instar du mouvement de l’esprit qui aime chacun tel qu’il est. Il s’agit donc de voir l’exclueur et l’exclu ensemble, dans un même regard de conciliation. Si je n’en regarde qu’un, j’exclus forcément l’autre. L’attitude de guérison est l’inclusion de tous. De la même manière, le principal mouvement de guérison, à la fois pour la personne exclue et pour la maladie qui nous la rappelle, sera le contraire de ce que nous faisons habituellement: au lieu de la rejeter, nous la regardons, l’incluons et l’intégrons. Ce mouvement d’amour aura un bon effet.