Les piliers de la relation de couple sont l’amour, donner et recevoir, la sexualité, l’intimité (ou l’échange affectif) et la vie en commun.

Nous nous souviendrons toujours qu’il n’y a pas de lois mais une observation du phénomène « couple ».

Chaque couple est un cas particulier. Il n’y a pas de modèle standard. De plus, chaque époque, chaque société a ses désordres spécifiques, ses désordres établis, ses compensations…

L’incomplétude de notre expérience de couple est le moteur de son évolution, de notre désir de l’améliorer et de notre créativité pour ce faire.

L’expérience du couple est soumise à tous les va-et-vient de la vie, et sera le reflet de tous les conflits non résolus des deux personnes ainsi que des interférences de chacun de leurs systèmes familiaux.
Ne pas être en couple est une compensation systémique qui nous indique une intrication grave que le système cherche à soigner. Et cela sera possible essentiellement grâce à l’acceptation inconditionnelle de son propre destin par la personne célibataire.

L’amour

L’amour est une présence de fond, non pas un sentiment mais une attitude. C’est l’acceptation inconditionnelle et reconnaissante de l’autre, tel qu’il est.
C’est « je te prends tel que tu es. Merci pour m’avoir été donné. Merci d’être tel que tu es ».

Nous apprenons l’amour avec nos parents. Tout ce qui nous sépare de l’amour inconditionnel à nos parents interférera entre nous et les autres. S’il y a eu un « mouvement interrompu de l’amour » envers le père ou la mère, il sera aussi présent envers le partenaire.

L’amour s’apprend et se répare avec les parents. Lorsque notre amour envers eux coule, alors il coulera aussi en direction des autres.

Tomber amoureux est un mouvement aveugle, cela ne permet pas de voir l’autre, nous voyons uniquement ce dont nous avons besoin, ce que nous projetons. Tomber amoureux est une impulsion que nous ne pouvons pas contrôler, qui vient de loin, qui vient de la nécessité de guérir ou de compenser quelque chose de notre système familial grâce à cet autre qui nous attire.

Par la suite, avec l’amour à deuxième vue, la personne découvre enfin comment est l’autre : quelqu’un d’aussi imparfait qu’elle-même, qui ne correspond en aucune manière à l’idéal de couple qu’elle s’imaginait. Au fond, cet idéal est toujours une projection de la mère, non pas celle que nous avons eue en réalité mais plutôt l’image d’une mère idéale.

L’amour à deuxième vue est un amour adulte qui prend l’autre tel qu’il est, et mes nécessités telles qu’elles sont. Une partie de mes nécessités pourra être couverte par la relation, et une grande partie ne le sera pas…Je continuerai d’être responsable de mes manques et de leur guérison.

Les trois paroles-clefs de l’amour sont : oui, merci, s’il te plaît.
Oui, je t’aime tel que tu es,
Merci d’être tel que tu es, merci pour tout ce que tu m’as donné,
S’il te plaît, j’ai besoin de toi.

Ce qui tue l’amour

Vouloir changer notre partenaire, ou désirer qu’il change est un manque d’amour et de respect. C’est le germe de la séparation. Idéaliser quelqu’un c’est lui manquer de respect.

Les –ismes tuent l’amour. Machisme et féminisme ont un objectif : le pouvoir sur l’autre. Ils ne permettent pas que l’amour se développe, ils le poursuivent comme un ennemi. Car s’il y a amour, il n’y a pas de position de pouvoir.

Lorsque nous entrons en rivalité de pouvoir avec notre partenaire, nous sommes en train de semer la graine de la séparation. Nous sommes entrés dans un jeu de manipulation, nous sommes aveugles et sans amour. Nous ne voyons plus l’autre personne. Nous nous trouvons dans le passé, à vivre une rancune, un ressentiment ou une vengeance du passé, de notre enfance ou de nos ancêtres. Nous projetons un ancien schéma destructif sur notre partenaire, nous ne le voyons pas et nous ne voulons pas l’aimer.

Manipulation et violence
Lâcher les champs de mémoire

Le passé distord notre perception du présent. Ce passé est habituellement celui de notre système familial, ou de notre enfance.

Le couple forme une communauté de destins, ce qui signifie que la relation de couple est nécessaire pour les deux systèmes familiaux : les deux membres du couple forment à partir de ce moment, et pour l’avenir, une nouvelle communauté de destins, créée par la fusion de leurs systèmes d’origine. Ce qui implique que les deux partenaires sont complémentaires, et tout ce qui est vécu dans le couple est partagé à cinquante pour cent par chacun, inclus la manipulation et la violence.

Dans l’enfance, la relation symbiotique avec la mère a nécessairement eu des carences. En grandissant, l’individu, homme ou femme, cherche une nouvelle relation symbiotique, à présent adulte et sexuelle, sur laquelle elle projette le vécu de l’enfance, d’une part pour le reproduire comme schéma et d’autre part pour simultanément tenter de résoudre ce qui est resté sans solution dans la relation à la mère pendant l’enfance. Mais cette tentative est vouée à l’échec. Devenir adulte signifie nous accepter tel que nous sommes.

Cette tentative de résoudre le passé est la base de la manipulation et existe dans tous les couples, car elle est constitutive de cet espace d’intimité. Dans la manipulation, nous cessons d’être dans notre état adulte et nous laissons entraîner dans les rôles de victime et d’agresseur, et ainsi nous cherchons à rendre l’autre responsable de notre manque. C’est pourquoi la manipulation est profondément malhonnête.
Lorsque l’un des deux se rend compte du « jeu », celui-ci cesse.
La manipulation à son degré maximum aboutit à la destruction des deux personnes : l’un mort et l’autre en prison, ou bien les deux morts. Chacun a été simultanément victime et agresseur, se vengeant avec un sentiment de justice, sans jamais assumer sa responsabilité.

Au delà de l’enfance, chaque personne est en lien avec une image de couple qu’elle fait sienne par fidélité aux champs de mémoire avec lesquelles elle est intriquée ou reliée. Cette image empêche de vivre le présent.
Les images possibles sont variables : époux tyran/épouse victime, époux tyran/épouse avec ressentiment, dans la haine et le mépris, époux victime/ épouse vengeresse, « féministe », tyrannique. Ou bien couple d’une seule personne : veuf/ve, divorcé/ée, etc.
Derrière ces images se trouvent les croyances destructives comme « tous les hommes sont… », « toutes les femmes sont… », « l’amour entre homme et femme est impossible… », « l’amour pour moi est impossible… ».

Ce dont les ancêtres ont besoin c’est que nous les voyions, avec amour et respect, et que nous compensions leurs échecs au lieu de les imiter.
L’homme doit consentir au fait qu’il appartient au monde des hommes (maris et pères), quelle qu’ait été l’histoire de ces hommes, qu’il leur redonne leur responsabilité dans les torts qu’ils ont causé aux femmes, qu’il rende hommage à leurs souffrances, les remerciant d’être un homme comme eux. Par la suite, il peut honorer le monde des femmes, leur douleur, souffrances et humiliations, leur rancoeur et leur mépris du masculin.

La femme doit consentir au fait qu’elle appartient au monde des femmes (épouses et mères), quelle qu’ait été l’histoire de ces femmes, qu’elle leur rende leurs circonstances et leur responsabilité, qu’elle honore leurs souffrances, les remerciant d’être une femme comme elles. Par la suite, elle peut honorer le monde des hommes, leur arrogance, leur expiation, leur solitude.

Donner et recevoir

Donner nous permet de payer une dette antérieure, ce qui nous soulage toujours, nous rendant plus heureux et plus vivants. Donner nous permet de rendre ce que les parents nous ont donné.

Recevoir nous rend dépendant de celui qui nous a donné, jusqu’à ce que nous puissions rendre quelque chose d’équivalent. Par conséquent, il est plus agréable de donner que de recevoir. Recevoir nous met dans une position de débiteur. Donner nous permet d’exiger.

Celui qui veut recevoir uniquement est un enfant qui ne veut pas grandir. Peut-être qu’il montre un enfant exclu.

Celui qui veut donner uniquement a peur de se sentir coupable, débiteur. Il veut se sentir supérieur. Il n’aime pas.

Les deux membres du couple sont égaux en droits. Tout tend à s’équilibrer : ce que l’on donne et ce que l’on reçoit. Tout s’équilibre automatiquement, inconsciemment, entre l’amour que l’un donne à l’autre, les obstacles que l’un apporte depuis le passé, les torts que l’on cause. Lorsque cela ne s’équilibre pas, il naît une tension dans le couple, celui qui reçoit plus qu’il ne peut rendre se fâche et s’en va… à moins qu’il n’arrive à remercier l’autre. Un exemple est celui des couples où l’un des deux souffre d’invalidité, ce qui fait qu’il reçoit plus qu’il ne peut donner.

Les obstacles que nous apportons dans le couple peuvent être par exemple une maladie d’un des partenaires, ou les enfants d’un mariage antérieur. Ce sont des obstacles dans la mesure où ils exigent plus de l’autre, de celui qui n’est ni le père ni la mère des enfants. Il faudra permettre une compensation à ce partenaire, sinon son inconscient la cherchera et le résultat sera bien pire.

La projection du couple dans l’enfant est une nécessité naturelle. Le système familial l’exige ainsi pour sa survie. Lorsque, dans un couple, l’un des deux ne peut pas ou ne veut pas avoir d’enfant, celui qui ne peut avoir de descendance rend sa liberté à l’autre, et celui-ci peut se repositionner face à leur compromis, éventuellement se séparer, pour avoir un enfant avec un nouveau partenaire. (…)

Suivre et servir

La femme suit le mari et le mari se met au service de la famille dont le centre est la femme.
Tous deux sont au service du projet du couple (en général, le projet est la famille). Les deux sont à l’oeuvre. Tous deux se regardent à égalité dans les yeux et prennent des décisions ensemble.
L’homme (et la femme célibataire) est lié à son pays par la dette d’amour qu’il a contractée envers lui. Et son travail doit être au service de la compensation de donner et recevoir avec le pays. C’est là que réside la force de son épanouissement professionnel. Et le fruit économique de cet épanouissement est offert au service de sa famille.
La femme du couple s’adapte et grandit en tant que personne dans le pays de son mari. Alors que l’homme qui va vivre dans la maison de sa femme ou sur la terre de sa femme perd de sa force.
La condition pour que la femme puisse s’épanouir en tant qu’épouse et mère sur la terre de l’homme est que ce dernier aime et respecte la famille d’origine de la femme.

Tout se fait par amour : par amour pour son mari, la femme suit le pays, la culture, la religion de son mari ; par amour pour sa femme, le mari enseigne à ses enfants la culture, la langue ou la religion de sa femme.
Lorsque les rôles dans le couple sont inversés, même si c’est d’un commun accord, l’homme s’occupant des enfants et la femme étant le chef de famille, on constate que le couple en tant que tel cesse d’exister, l’homme perd sa force d’homme et devient un fils, compensant inconsciemment une frustration de sa petite enfance, les vrais enfants perdent leur place et perdent leur père, la femme devient trop grande, son regard est dirigé vers l’extérieur de la famille, et tous deux cessent d’avoir de l’intérêt et du respect pour l’autre en tant que couple.

Sexualité

Une personne est attirée par son partenaire uniquement parce qu’elle est attirée par lui en tant qu’homme ou en tant que femme. L’homme veut la femme comme une femme, la femme veut l’homme comme un homme. Dans le couple homosexuel, de la même manière, chacun est sexuellement attiré par l’autre.
La relation basée sur un autre motif tel que la solitude, l’économie, le projet, avoir un enfant, n’a aucune force en tant que couple.

Le couple est réalisé dans la sexualité.
La force instinctive de la sexualité est le signe de sa grandeur, qui dépasse l’humain. C’est une impulsion qui traverse l’univers entier, au service de la vie. La réunification de ce qui est séparé, la fusion de ce qui est complémentaire, crée plus de vie. C’est la force qui permet à l’humanité de survivre. La Hellinger Sciencia considère la sexualité comme la force sacrée par excellence.

La sexualité a des hauts et des bas. Elle est très sensible aux mandats parentaux, aux croyances personnelles et familiales, aux intrications et aux troubles systémiques.
L’attraction sexuelle est comme la mer, c’est une présence de fond qui se manifeste par le mouvement des vagues. Le pic de la passion est suivi de la vallée de la prise de conscience, et à nouveau une nouvelle vague d’attraction surgit, qui sera suivie d’une vallée correspondante de détente et de distanciation intérieure, et ainsi de suite.

Quels sont ces pics et ces vallées ?

Les pics représentent les phases de l’attraction instinctive. Après un certain temps, la vallée, le retrait de l’attraction, commence, dans laquelle il peut y avoir une acceptation inconditionnelle de l’autre, un rejet ou une indifférence. Ce repli peut être motivé par de nombreuses causes : conflits, traumatismes, intrication, champ morphique …

C’est là que naissent la tendresse profonde, le respect et l’amour. Ou l’indifférence et la distanciation.

Après un certain temps, l’attirance revient à nouveau…

Peu à peu, les vallées s’élargissent, grâce à la connaissance que nous acquérons de nous-mêmes et de l’autre. Et à l’attirance aveugle succèdent la reconnaissance de l’autre, la tendresse et l’attirance à seconde vue, la gratitude et la joie d’être ensemble, le respect de l’autre tel qu’il est et de ses besoins.
Pendant le pic des vagues, on n’existe que tous les deux. Dans la vallée, nous regardons ensemble le monde, le projet du couple et le service de la vie tel que le dicte le destin de chacun.

Le partenaire qui refuse systématiquement de se donner sexuellement, en raison d’un traumatisme ou de tout autre motif inconscient, porte atteinte à la dignité de celui qui demande le sexe. La relation entre les deux se détériore, celui qui demande se sent petit et coupable pour son besoin, celui qui refuse se sent grand et en bonne conscience. Cela conduit souvent à une séparation, celui qui demande, pour sortir de son sentiment de culpabilité, va vers une autre personne plus vivante ; il retrouve ainsi sa dignité.

Dans les vallées, il se passe aussi quelque chose d’important : la confrontation, les conflits. Le couple est l’espace de la plus grande intimité. L’intimité est toujours quelque chose en construction, nous en avons peur et nous projetons sur elle tous les défauts et les refoulements que nous avons eus, enfants, par rapport à l’intimité avec nos parents et surtout avec notre mère. Et nous accédons progressivement à cet espace de communion et de respect.

Intimité

L’intimité, l’état le plus évolué des relations entre deux adultes, peut se développer grâce à la vie commune et aux échanges affectifs entre les deux partenaires.
Pour que l’intimité se développe dans un couple, il est nécessaire que les deux partenaires se soient séparés de leurs parents, qu’ils en soient affectivement indépendants pour pouvoir avoir besoin d’une autre personne. De cette façon, ils peuvent créer entre eux un lien plus important que celui qu’ils avaient avec leurs parents. Chacun d’entre eux devrait pouvoir dire à ses parents “mon partenaire est maintenant plus important pour moi que vous”.
Il en va de même pour les frères et sœurs, chacun devant devenir indépendant des autres frères et sœurs afin de créer son propre système familial.

L’homme renonce à sa mère, la femme renonce à son père, afin d’avoir besoin de son partenaire.
L’homme qui reste dans la sphère d’influence de la mère n’a aucun respect pour les femmes. La femme qui reste dans la sphère d’influence du père n’a aucun respect pour les hommes. Ils restent des adolescents, avec leurs sentiments de toute-puissance et de mépris pour tous les autres.

En cas de mauvaises relations entre le gendre/la belle-fille et la belle-mère :
La fille dit à sa mère : mon mari, c’est lui. Je quitte mon père et ma mère et je le suis avec amour.
Le gendre à sa belle-mère : maintenant ma femme, c’est elle : en elle je te respecte.
Le fils à la mère ou la fille au père : maintenant elle/il est meilleur(e) que toi pour moi.

Vivre ensemble

La vie en commun met en jeu:

le respect mutuel,

le respect de l’ordre,

l’appartenance à un nouveau système de valeurs créé par les deux partenaires, donc différent du système initial, malgré le sentiment de culpabilité que cela engendre,

l’acceptation du conflit comme un outil permettant de se défaire des loyautés passées et de se rapprocher d’une plus grande intimité : la résolution des conflits entre partenaires est le meilleur outil de croissance humaine.

Malgré la généralisation du travail des femmes, l’ordre interne du couple reste le même. Physiquement, on observe que dans un couple (lorsque les deux sont droitiers) dans lequel il y a de l’amour et du respect, l’homme est à la droite de la femme, sauf au lit où c’est l’inverse.

Être à gauche, c’est respecter celui qui est à droite, et être à droite, c’est se mettre au service de celui qui est à gauche et le respecter. Lorsque cet ordre est inversé, l’égalité et le respect mutuel entre les deux disparaissent.

Lorsque la femme est à droite, soit elle domine et l’homme devient un enfant, soit elle est l’enfant et l’homme le puissant.

Chacun appartient à un système et a un ensemble de loyautés. Les conflits surgissent lorsque mon partenaire fait quelque chose d’interdit dans mon système, ou lorsque son comportement rouvre une vieille blessure et que je souhaitais intérieurement qu’il ou elle s’occupe de cette blessure.

Chaque conflit est une belle occasion de se défaire de ses loyautés et de devenir plus libre, de se prendre en charge, de laisser tomber les attentes “infantiles”, de devenir plus adulte, plus autonome, permettant ainsi au partenaire de s’épanouir davantage.

Les conflits sont des opportunités de croissance. Et seule la vie commune permettra de faire remonter ces conflits à la surface. Lorsque nous nous mettons en colère, c’est parce que l’autre a touché une loyauté qui nous lie encore à notre système d’origine ou qu’il nous montre quelque chose que nous n’acceptons pas sur nous-mêmes.

Ainsi, la sécurité de savoir que nous sommes unis pour la vie, de savoir que l’autre est engagé malgré les conflits, permet l’élaboration et le dépassement de ces conflits et grâce à cela, la croissance des deux et une plus grande harmonie dans la coexistence.

Si je suis en colère contre l’autre, je me rends compte que j’ai en moi ce que je rejette, même si je ne veux pas l’admettre. Et je dis à l’autre “merci d’être comme tu es”. En toi, je me trouve”.
Lorsque l’autre a un comportement difficile, nous honorons l’exclu à qui il est fidèle. Et nous honorons notre partenaire en le remerciant d’être comme il/elle est.

L’unité masculin-féminin comme condition principale de la force du couple

L’homme et la femme sont incomplets et se complètent dans le couple, qui à son tour se réalise dans un tiers, une nouvelle unité : l’enfant ou le projet de couple.

La force du couple provient de la fusion des opposés : la fusion homme-femme. Dans le couple homosexuel, la force vient de la fusion entre deux personnes différentes, et plus elles ont intégré leurs parties masculine et féminine, plus le couple sera fort.
Avant de se donner au couple, chaque personne est le résultat d’une fusion antérieure : elle est le fruit de la fusion de son père avec sa mère. Et cette fusion est vécue comme une fusion entre ses parties masculine et féminine.

Chaque personne trouve sa plus grande force dans la fusion intérieure du masculin et du féminin, qui résulte de l’acceptation inconditionnelle et égale du père et de la mère. C’est lorsqu’une personne aime et respecte ses deux parties de manière égale qu’elle est au sommet de sa force et de son épanouissement, et qu’elle peut apporter le plus à son partenaire.

Le tableau suivant montre la différence biologique entre les hommes et les femmes et leur complémentarité. Il n’existe pas de types purs, car nous sommes tous liés à des ancêtres des deux sexes, parfois de manière très forte, et cette influence se reflète dans notre patrimoine génétique.

Le couple unit ses deux membres. Chacun apporte à l’autre ce qui lui manque. Mais après un certain temps passé ensemble, le féminin et le masculin s’estompent et l’attirance diminue car ils s’apportent moins l’un à l’autre. Il est donc nécessaire pour chaque sexe de renforcer son identité en étant occasionnellement uniquement avec ceux du même sexe, afin d’apporter plus à l’union.

Le couple comme une communauté de destin

Dans le couple, ce ne sont pas deux personnes qui sont ensemble, ce sont deux systèmes. Chaque système a eu besoin de ce coup de foudre pour résoudre quelque chose qu’il ne pouvait pas résoudre tout seul. Ainsi, le système le plus sollicité attend du partenaire le moins sollicité qu’il s’occupe d’une intrication que l’autre ne peut résoudre.

Cette communauté de destin peut conduire à la séparation, lorsque le fardeau que l’un porte pour l’autre est plus grand que ses forces. Elle peut également perdurer au-delà de la séparation si la charge partagée n’est pas résolue.
L’engagement envers le partenaire supprime la liberté, l’indépendance est incompatible avec l’attachement.
Le couple devient une nouvelle unité, et dans cette unité se trouvent les deux et leur projet de couple.

Sur la manipulation

Ce qui se passe dans une relation à long terme, c’est la responsabilité partagée à parts égales par chaque partenaire.
Le couple est le lieu de l’intimité, le lieu où nous apparaissons tels que nous sommes, avec tous nos défauts et nos désirs. Ce que nous avons appris dans notre enfance sur l’intimité se reproduit dans la relation de couple. Si nous n’avons pas réussi à sortir de la fusion avec notre mère, ou si nous en sommes sortis trop tôt, nous prendrons notre partenaire pour notre mère et revivrons les besoins non satisfaits de ce moment. Toutes les carences que nous avons vécues se manifesteront à nouveau au sein du couple, ce qui nous permettra de prendre conscience de ce qui s’est passé et de l’accepter.

Cependant, notre partie “enfant” refuse d’accepter le passé tel qu’il fut et veut que notre partenaire prenne la responsabilité de “mes” frustrations, de ce que je n’ai pas résolu avec mon enfance. Et c’est ainsi que naît la manipulation entre les deux, car les deux partenaires ont des carences complémentaires.

Un “jeu de manipulation” est établi lorsque les deux personnes se complètent dans l’échange et en profitent “amèrement” et avec ressentiment. Ils profitent des bénéfices secondaires de la souffrance qu’ils se causent mutuellement, et n’y mettent donc pas fin, jusqu’à ce que vienne la “punition” finale, qu’ils ont tous deux recherchée sans le dire.

C’est un échange fondamentalement malhonnête, car à aucun moment la vérité n’est dite, mais il sert d’une part à un objectif égoïste tranquille (j’ai peur d’être seul ; je ne veux te partager avec personne, etc. ….) et d’autre part à confirmer un préjugé selon lequel l’autre est méprisable, incapable, et que je suis incapable d’être heureux en couple, je ne mérite pas d’être avec quelqu’un qui m’aime, etc.

On ne joue pas à deux si l’un ne veut pas.

Chacun peut choisir, à tout moment, d’être dans son Adulte ou dans son Tyran/Victime.
Les jeux de manipulation sont appris dès la petite enfance.

Les couples symbiotiques, ceux qui ont fusionné en une seule personne, sont les plus dangereux. Lorsque l’un des deux commence à grandir, ils ne peuvent que se séparer et l’autre, qui n’a pas grandi, reste seul comme un petit enfant. Et il réagit comme un enfant. Seuls les enfants tuent.

En cas d’abus entre adultes, il faut d’abord reconnaître la réalité actuelle et la responsabilité de chacun : “Je t’ai choisi”.
“Merci” permet de réaliser que chacun a obtenu ce qu’il cherchait dans son union avec l’autre.
A celui qui a fait du mal, à l’agresseur : “J’assume ma part de responsabilité dans ce qui nous est arrivé”. “Je suis comme toi”.

Reconnaître l’intrication avec le passé et la limitation infantile et inconsciente de chacun : “Je suis lié à mon passé, je t’ai choisi pour ce qui est arrivé”.

Une fois la responsabilité actuelle assumée, le désordre et l’intrication qui existent nécessairement peuvent être constellés.

Et il nous sera constamment rappelé que tout est partagé et recherché. Les mauvais traitements existent des deux côtés. L’énergie meurtrière de l’homme se manifeste par ses muscles, par la violence physique, l’énergie meurtrière de la femme se manifeste par le mépris, par la violence psychologique.

Celui qui joue la victime n’est pas une victime. C’est un agresseur occulté. Sa haine cachée est immense.

Sur l’infidélité et la séparation

Parfois, malgré la sécurité ou l’intention de s’aimer pour la vie, l’amour se détériore. Souvent le passé, un mort, un mandat parental ou le destin s’en mêlent, rendant l’un des deux indisponible. Alors la séparation devient un destin pour les deux. C’est une nouvelle opportunité.

La véritable raison d’une séparation vient du passé, par destin, c’est un mouvement compensatoire qui échappe complètement à notre compréhension. Au moment où nous le vivons, nous ne pouvons pas savoir pourquoi, nous devons juste le vivre et nous permettre de faire le deuil sans chercher de coupables.

Le respect du destin est ce qui doit nous guider.
“J’aime et je respecte ce qui nous guide ensemble. J’aime et je respecte ce qui te guide ; j’aime et je respecte ce qui me guide, même si cela peut nous séparer.”

Pour réussir une séparation, il faut renoncer à chercher des responsabilités. Elles viennent du passé, d’intrications inconscientes. De plus, la vérité est toujours le contraire de ce qu’elle semble être, comme nous le voyons dans chaque constellation…

Les ex-conjoints se disent :
Je t’ai choisi. Je t’ai beaucoup aimé. Tout ce que je t’ ai donné, je l’ai fait avec envie et avec plaisir. Tu m’as beaucoup donné et je t’ honore. Quant à ce qui s’est passé entre nous, j’assume ma part de responsabilité et te laisse la tienne. Et maintenant je te laisse, je suis libre, tu es libre.

Une séparation entraîne beaucoup de souffrance. Nous devons accepter de traverser cette souffrance, de faire le deuil de l’amour que nous partagions.

Il existe plusieurs façons d’éviter le deuil :
– Chercher quelqu’un à blâmer pour la séparation, au lieu d’accepter la douleur et la réalité telles qu’elles sont.
– Se mettre en colère contre celui qui est parti ou qui est mort ; fréquent chez les enfants.
– L’apitoiement, dans lequel on ne voit que soi-même.
– La décision intérieure est prise mais n’est pas appliquée. La visite de plusieurs thérapeutes permet de reconfirmer que les choses ne peuvent pas continuer ainsi, mais au lieu d’agir, la thérapie permet au couple de se rebeller contre les thérapeutes plutôt que contre lui-même.
– Rester ensemble dans une mauvaise vie, pendant une longue période, même si la relation est terminée.

Souvent, la personne qui va décider de se séparer – en raison de son intrication – va beaucoup souffrir au préalable afin d’être inconsciemment justifiée, d’avoir la conscience tranquille au moment de décider de se séparer.

La chose appropriée à faire est de reconnaître que l’un des deux s’éloigne, qu’il a rejeté quelque chose et en assume la responsabilité, tout en reconnaissant que ce qu’il a vécu a été beau et qu’il dit maintenant je te laisse tranquille, je m’en vais.

Celui qui décide de se séparer compense l’autre en lui laissant les enfants et la maison.

Le deuxième couple est souvent un couple de transition. Cet engouement permet de compléter la séparation avec le premier partenaire, lorsque cette séparation est particulièrement difficile.

L’amour passionné ravive souvent les conflits et les blocages de l’enfance, totalement refoulés au stade précédent, qui refont surface avec force jusqu’à ce que les personnes réalisent qu’il est impossible de satisfaire ces désirs dévastateurs. En effet, le cadre n’est plus celui de l’enfance, l’autre n’est ni mon père ni ma mère. Le principe de réalité est réimposé, de même que les possibilités de croissance.

La séparation doit être une occasion pour les deux de grandir, d’avoir une nouvelle chance, un nouveau bonheur, pour que la souffrance ne soit pas vaine.

Lorsque l’un a été infidèle et qu’il le dit à son partenaire, il se décharge de sa responsabilité et la fait porter à l’autre. Son excuse est la sincérité. Cette sincérité détruit la relation, dans cette sincérité il n’y a pas d’amour, seulement de la peur et de la culpabilité. La sincérité n’est pas une valeur en soi. La réalité est que la personne ne peut pas supporter la culpabilité et veut que l’autre prenne la faute.

Lorsqu’il y a réparation, la culpabilité disparaît.

Le critère est donc de savoir comment réparer les dommages qui ont été causés. C’est chercher ce qui apportera plus d’énergie et ce qui fera moins souffrir l’autre personne. Chacun doit porter et résoudre le problème qu’il a lui-même créé, ainsi qu’en supporter seul les conséquences. Vous pouvez rééquilibrer en faisant du bien à l’autre, en secret, sans qu’il le sache.

Souvent, celui qui se sent victime d’une infidélité l’a lui-même provoquée, piégé par une personne morte, rejetant la vie, le sexe, la joie de vivre.

Les infidélités montrent une pression du système pour résoudre quelque chose. Le plus souvent, elles montrent un exclu, l’un des conjoints représente un ancien partenaire de l’un de ses parents et reproduit la relation ratée de cet exclu.

Dans les triangles stables, chacun a un rôle et tous ont besoin les uns des autres. Par exemple, le mari et la femme, où la femme joue le rôle de la mère du mari, et le mari a une relation stable avec une amante qui joue le rôle d’une partenaire. Et chacun a besoin de ce triangle en raison de son histoire et de ses désordres.

Lorsque l’on devient l’amant d’un conjoint marié, cette relation ne fonctionne que de cette manière : l’amant a besoin de quelqu’un qui n’est pas disponible. Et la personne mariée est attirée tant qu’elle n’est pas en mesure de vivre avec son amant…

Reconnaitre et respecter le partenaire antérieur et les enfants d’un mariage antérieur

– Au niveau individuel, l’ancien partenaire a la préséance sur le deuxième : le partenaire actuel doit accorder respect et gratitude (parce que l’autre lui a fait de la place) à l’ancien partenaire.

Les partenaires précédents font partie du champ du couple, jusqu’à ce qu’ils soient reconnus, honorés et remerciés. Chacun vient avec tout son passé. Le respect de “l’ordre” dans le couple est fondamental pour le bien-être des deux partenaires et pour le destin des enfants.
Le partenaire actuel est le dernier en date et doit le respect aux personnes qui l’ont précédé et qui sont parties en lui laissant la place. Lorsqu’un ancien partenaire ressent du respect et de la gratitude de la part du partenaire actuel, il se retire et éprouve même de la compassion pour celui qui le remplace.

Les enfants d’un précédent mariage sont privilégiés par rapport au nouveau conjoint.

– Au niveau du système, c’est l’inverse : le dernier système créé a la préséance. Lorsque cet ordre n’est pas respecté, les conséquences sont fatales, quelqu’un sera éliminé par loyauté envers le système éliminé.
Par exemple, dans un système composé d’un couple et d’enfants, lorsqu’un homme crée un nouveau système en ayant un enfant avec une autre femme et ne veut pas se séparer du premier, un enfant meurt généralement, par loyauté envers le système éliminé.

Couple et économie

Le mari réussit professionnellement et économiquement lorsque sa femme le respecte. Celui qui a pris ses parents, tombe amoureux d’une femme qui a pris ses parents et respecte les hommes.

Pour que l’homme et la femme célibataires puissent prospérer dans leur travail, ils doivent avoir pris leur mère.

Pour que le couple et son économie se portent bien, la femme et son économie doivent remercier et honorer l’économie du mari, même si elle est plus modeste que celle de la femme. L’économie de l’épouse occupe une place aux côtés des enfants et est considérée par le couple comme un enfant.
L’économie des deux partenaires est au service du projet du couple.

Dans l’économie du couple, cet ordre est maintenu : l’homme gère l’économie de la famille, même s’il contribue moins que sa femme. De cette façon, les deux restent égaux. Si la femme gère l’économie familiale, elle se sent supérieure à l’homme, et l’harmonie du couple disparaît.

Le nouveau système a la priorité sur les systèmes précédents. Lorsque cette préséance n’est pas respectée, les conséquences sont impitoyables. Par exemple, tout gendre qui reprend une entreprise familiale de la famille de l’épouse ruine cette entreprise.

Entre conjoints, l’argent peut équilibrer un déséquilibre entre donner et recevoir, par exemple, une femme qui gagne plus que son mari compense, sans le savoir, le fait d’avoir eu plus de partenaires auparavant, ou d’avoir amené des enfants de partenaires précédents.

Dans les cas de divorce, la pension alimentaire maintenue par l’autre conjoint crée une dépendance qui entrave l’autonomie de chaque ex-époux. Afin de retrouver l’autonomie nécessaire pour reconstruire sa vie, chaque conjoint doit prendre soin de lui-même et de ses finances.

Lorsque l’ex-mari ne paie pas la pension alimentaire à l’ex-femme, c’est parce que l’ex-femme le méprise. Il s’agit d’une compensation systémique inconsciente. Cela change lorsque la personne qui méprise décide d’honorer l’autre, d’avoir du respect pour lui.

Le système familial de la personne la plus chargée utilisera le conjoint le plus faible, systémiquement plus disposé (par exemple parce qu’il/elle est en expiation), pour prendre en charge ou payer les dettes qui restent impayées et invisibles.

C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que des hommes et des femmes sortent des champs de mémoire et commencent à se regarder dans les yeux, à découvrir l’autre sexe tel qu’il est, avec respect et amour.

 

Brigitte Champetier de Ribes