Comment traiter ses adversaires, tant les présomptueux que les redoutables?
Sans même tenir compte de leurs intentions, en premier lieu nous devons les respecter. En définitive, nous ne savons pas quel rôle ils jouent ni qui ils servent. A cause de cela, je respecte l’effort qu’ils prennent pour parler, écrire, agir, et je respecte l’attention qu’ils me donnent, ainsi qu’à d’autres et à l’ensemble dans toute son amplitude. Je reconnais qu’en le faisant, ils servent l’ensemble et, à travers lui, moi-même et bien d’autres. De fait, sans résistance, rien de vivant et de véritablement humain ne peut se développer. C’est uniquement grâce à la résistance offerte par l’extérieur que ce qui est vivant peut se différencier, s’insérer dans quelque chose de plus grand et, dans certaines limites, rencontrer sa force ainsi que la compréhension de ce qui est réellement possible. Alors, ce qui ne peut plus s’amplifier se voit obligé de se concentrer. En lieu et place de hauteur et de largeur, cela gagne peut-être en profondeur.
Deuxièmement, en s’opposant à moi, mes adversaires trouvent souvent leur propre chemin avec plus de facilité. Dans ce sens, ils servent mieux l’ensemble que s’ils m’avaient suivi et approuvé, reniant par là leur vérité. C’est ainsi que chacun apporte sa contribution à partir de ce qui lui est propre. Celui qui a trouvé cette authenticité, cesse avec le temps d’alimenter l’inimitié, ayant perdu tant la peur des autres que l’impérieuse nécessité de les plier à son image ou même de les soumettre. Celui qui a trouvé son authenticité est connecté à tous les autres de manière sereine. Face à ses adversaires, il développe la tolérance et sait donner du temps pour que se dissolve l’animosité de ces ennemis en recherche d’eux-mêmes.
Cependant, il est important de voir qu’en voulant du mal aux autres, certains détournent leur attention d’eux-mêmes et trahissent ce qui leur est propre.
Troisièmement, les rapports ennemis ont besoin de complices. Ils se fortifient grâce au grand nombre des suiveurs et à la loyauté qui les réunit dans l’opposition. En même temps, avec cette attitude, ils fortifient ceux qui suivent leur opposant. Quand les suiveurs s’effondrent, la force des deux camps s’effondre. Sans personne derrière eux, les meneurs des camps antagonistes se retrouvent face à eux-mêmes. Alors une force plus grande peut se révéler.
Comment reconnaître cette plus grande force ? Elle se découvre à travers ce qui subsiste, car uniquement ce qui subsiste était et est essentiel.
Bert Hellinger 2007