Revue Hellinger Sciencia (2008)

La majorité des problèmes concernent les relations. Nos problèmes, presque toujours, sont en rapport avec des relations à d’autres. Le problème surgit car il y a des forces agissantes dans la relation. Ce sont des mouvements de la conscience, qui débouchent sur des difficultés. Je distingue ici trois consciences différentes, qui sont toutes au service de la relation et au service de l’amour. Les problèmes surgissent lorsqu’au sein d’une conscience, l’amour dérive.

Eloignement
Grâce à notre conscience, nous nous apercevons très vite comment nous devons nous comporter pour pouvoir continuer d’appartenir. Par exemple, quand nous nous adressons à notre père, notre comportement sera différent de quand nous nous adressons à notre mère, et si nous parlons à notre mère, cela sera différent d’avec notre père. Grâce à notre conscience, nous adaptons en un clin d’œil notre comportement, de manière à rester aligné avec chacun d’eux. Si fortuitement nous dévions de cette attitude, la réaction des parents est étrange : « que t’arrive-t-il ? » disent-ils. Comme conséquence, nous avons mauvaise conscience et nous modifions notre manière d’être, de façon à nous sentir accepté à nouveau.

La culpabilité, dans ce cas, est vécue comme un éloignement de l’amour, et donc comme une peur de perdre notre appartenance, peur enracinée dans cette culpabilité. Et inversement, en nous percevant sûr de notre appartenance au groupe, nous nous sentons bien et innocents, et nous avons bonne conscience. L’innocence dans ce cas signifie : Je sais que je suis dans l’amour.
Au fond, c’est très simple.

Cependant, comme nous avons pu le voir dans l’exemple des parents, la conscience change continuellement, en fonction des gens ou des groupes que nous aimons ou auxquels nous devons appartenir. C’est-à-dire que dans chaque groupe, l’éloignement de l’amour est différent. Par conséquent, dans chaque groupe, les problèmes changent. Dans chaque groupe, notre amour doit s’orienter différemment.

Le lien
Notre conscience est essentiellement au service de notre lien au groupe, et par-dessus tout, au service du lien à notre famille, qui représente le groupe le plus important en termes de survie. C’est pourquoi, nous faisons tout pour appartenir à ce groupe en particulier. Nous sommes parfois même disposés à mourir pour continuer d’appartenir. En réalité, le lien à ce groupe va au-delà de la mort et inclut ceux qui sont déjà morts depuis longtemps. Eux aussi se maintiennent dans le groupe. Nous le percevons dans notre conscience, et nous nous comportons avec l’objectif de rester liés à eux.

Un exemple de ceci est l’attentat-suicide. La personne tue des gens et se tue pour obtenir une plus grande appartenance, en dépit de sa mort, car il sera alors admiré comme un héros. Le principal pour lui, est d’appartenir, par-delà la mort.

Le rejet
En réalité, tout est très simple, nous pouvons le comprendre sans difficulté. Parfois, lorsque nous nous sentons reliés à notre famille, nous nous sentons séparés d’autres groupes ou personnes. Et pour nous maintenir en lien avec notre famille, il est fréquent que nous devions rejeter d’autres personnes. Pourquoi le faisons-nous ? Par amour pour notre groupe. Ici, la conception de l’amour est étroite et donne naissance à des problèmes. Si nous rejetons quelqu’un, si nous nous éloignons de l’amour, les problèmes surgissent.
Comment les résoudre ? Simplement, en ré-incluant les exclus dans notre amour.

Aider avec amour
Imaginons que quelqu’un s’approche de nous et nous dit qu’il a des difficultés avec sa mère et qu’il ne la supporte pas, que fait-il ? Il la rejette et l’exclut de son amour. Ceci est un problème.

Si nous l’écoutons et lui demandons de nous en raconter plus, peut-être que nous aussi finirons par la rejeter. Et nous faisons alors face au même problème que lui, par mépris pour quelqu’un, en nous éloignant de l’amour à autrui.

Que pourrons-nous faire après cela ? Pourrons-nous l’aider à résoudre son problème ?

Qu’est-ce qui importe ici ? En premier lieu, renoncer à nous éloigner de l’amour. En donnant une place à sa mère dans notre cœur, par exemple. Lui le sentira tout de suite. Il sentira que je prends sa mère dans mon cœur. A la suite de quoi, je les amènerai lentement à se rencontrer à nouveau. Je reste dans l’amour et lui, accède à l’amour.

L’exclusion et ses effets
La cause commune de beaucoup de problèmes sont les personnes rejetées ou exclues, auxquelles on n’accorde plus un regard. Il est aussi fréquent que, non seulement une personne souffre du problème mais que sa famille également exclut quelqu’un. Il est vrai que parfois l’exclusion est une décision personnelle, mais dans la plupart des cas, c’est un autre membre de la famille qui l’a décidé, et personne ne sait plus qui l’a fait ni qui est la victime. Alors, l’exclu prend possession de l’un ou l’autre des vivants et l’utilise pour obtenir sa réintégration.

Comment se passe cette « prise de pouvoir » sur quelqu’un ? Dans beaucoup de cas, par une maladie. Quelle est notre attitude, lorsque nous sommes malades ? Nous cherchons à nous défaire de la maladie. Un réflexe d’exclusion face à elle se manifeste en nous, rappelant l’expulsion d’un individu.

Par conséquent, nous aidons le malade si nous allons avec lui à la recherche d’une personne exclue par lui-même ou par d’autres dans sa famille. En la trouvant et en l’acceptant de nouveau dans le groupe familial, un incroyable effet guérisseur se manifeste.

Le mouvement fondamental de guérison se trouve à l’opposé de ce que nous croyons : au lieu de nous défaire de quelque chose, nous l’acceptons et nous l’intégrons. Ceci est le chemin de retour, si nous pouvons le comprendre. Si les thérapeutes savaient le bon effet de cette action, ils pourraient aider avec plus d’efficacité.

Exercice : l’amour infini
Fermez les yeux et imaginez quelqu’un qui vous demande de l’aide et qui a besoin de vous.
Vous l’imaginez, ainsi que tous ceux qui sont en relation avec lui, et avec qui il a peut-être des problèmes.
Alors, nous voyons qu’aucun d’eux n’a pu être différent de ce qu’il est, qu’aucun n’a pu agir d’une autre façon. En même temps, nous voyons que, tels qu’ils sont, ils sont aimés et choisis pour un noble service.
Nous nous voyons avec eux, sur le même niveau.
Nous les regardons tous avec respect et bienfaisance, et nous restons réservés.
Plus que tout, nous contenons notre curiosité, car ici se passe quelque chose de beaucoup plus grand.
Et immédiatement, nous en sentons l’effet dans notre âme. En fonction de notre maturité, nous nous sentirons plus pleins d’amour, plus humains, et en harmonie avec nous-même.